CIP-Solidaire 2022 : journée de solidarité à Tramelan

Depuis 2013, CIP-Solidaire a lieu chaque année, un dimanche de mai. Toutefois, le public ignore que de petites mains s’agitent déjà la veille devant de grandes marmites ou en façonnant de généreuses pâtisseries. En effet, la préparation d’un repas pour 250 personnes ne s’improvise pas ! Si le comité d’organisation a veillé à son bon déroulement, ce sont bien les requérant·e·s d’asile du centre d’accueil de Tramelan, ainsi que des migrant·e·s habitant dans le village, qui mettent la main à la pâte pour émerveiller les papilles des invité·e·s. Ces dernier·ère·s, appâté·e·s par la promesse et les saveurs d’un repas interculturel savoureux – véritable invitation au voyage - sont venu·e·s en nombre au CIP le 22 mai 2022. Les convives ont dégusté des mets haïtiens, marocains, pakistanais, afghans, irakiens, iraniens, égyptiens, syriens ou ukrainiens.

Lors de la partie officielle, dans son mot d’accueil, le maire de Tramelan a relevé l’importance de CIP-Solidaire : « Un rendez-vous incontournable, une tradition aussi […], elle (CIP-Solidaire) traduit l’ADN de Tramelan et de notre région : l’accueil. […] depuis toujours nous avons été ouverts et soucieux des problèmes de ce monde. » Par ailleurs, il a rappelé que le village est le siège de la Fondation Gobat pour la Paix, présidée par Mme Micheline Calmy-Rey, ancienne Conseillère fédérale.

Pierre Petignat, président le Fondation Avenir Madagascar (FAM), représentant, pour l’occasion, des ONG de CIP-Solidaire, n’a pas manqué de souligner la réalité des cuisinières et des cuisiniers du jour, qui « ont fui la misère, la faim ou la guerre, et essaient de se reconstruire parmi nous ». En outre, il a également adressé un mot à une population régionale dont la solidarité a été louée par les différents orateurs·trices : « Vous vous trouvez au milieu de cette double réalité : celle de là-bas, par les ONG présentes, et celle d’ici, par les réfugié·e·s qui nous accueillent. »  Pierre Petignat a ponctué son intervention de différents exemples de projets menés par la FAM et soutenus par la Fédération interjurassienne de coopération et de développement (FICD). Cette dernière a investi, en 2021, près de 720'000 francs dans les projets de ses membres. En y ajoutant les montants récoltés par les associations lors d’actions de sensibilisation, par exemple, ce sont environ 1,67 millions de francs qui ont été mobilisés pour soutenir les projets des ONG. Ainsi, les bénévoles de notre région ne sont pas simplement accueillant·e·s, ils·elles sont aussi très actifs·ves dans le soutien des populations défavorisées des pays du Sud. De plus, ils·elles sont actuellement confronté·e·s, pour mener leurs actions, à un contexte compliqué, où le conflit russo-ukrainien accentue la pression sur le prix de l’énergie et menace le monde de pénurie alimentaire.

Une allocution commune

La manifestation a eu le privilège d’accueillir Brigitte Favre, présidente du Parlement jurassien et Hervé Gullotti, président du Grand-Conseil bernois. Les deux député·e·s ont délivré un message de collaboration et de respect mutuel entre les deux cantons. Le premier citoyen du canton de Berne est revenu sur l’attente suscitée par CIP-Solidaire, devenu « une institution à Tramelan »dont « la population locale et régionale apprécie ce moment de partage interculturel empreint de fraternité et de bienveillance. » Lui-même montrant l’exemple, avec l’invitation adressée à son homologue jurassienne à participer à cette partie officielle « pour lancer des signaux positifs et entamer des processus de rapprochement. […] ». De son côté, Brigitte Favre a très justement souligné « l’importance de la coopération, qui est inscrite dans la Constitution jurassienne », et rappelé que « le peuple jurassien s’inspire de la Déclaration des droits de l’homme de 1789, de la Déclaration universelle des Nations unies proclamée en 1948 et de la Convention européenne des droits de l’homme de 1950. » Enfin, la présidente du Parlement jurassien a conclu son intervention par un encouragement à la coopération entre les peuples.

Fanfare du Bénin

La journée s’est déroulée sans anicroche, à la grande satisfaction du chef d’orchestre de la manifestation, Mathieu Chaignat : « Le déroulement a été parfait. Maintenant, la journée va se terminer dans des teintes orange et jaune, ensoleillées. » Une allusion à peine voilée aux costumes de la fanfare béninoise Olaïtan dont les sons ont prolongé la belle humeur qui aura rayonné durant toute la journée. Les cuivres et les percussions se sont mêlés, pour ne faire plus qu’un, à l’image de cette journée, où migrant·e·s, tramelot·e·s et autres visiteurs·euses, ont dansé ensemble et, à l’initiative des musiciens, se sont pris par les épaules pour vivre un ultime moment à l’unisson en écoutant une dernière chanson a capella.

Bruce Rennes ● Chargé de projets